Après une infiltration, le soulagement peut être rapide. Mais une question se pose souvent : quand reprendre la kiné après infiltration ? Faut-il patienter quelques jours ? Revenir tout de suite en séance ? Modifier les exercices ?
En cabinet, j’entends régulièrement ce type d’interrogation. Et c’est bien normal : chaque cas est différent, et les consignes ne sont pas toujours claires.
👉 Cet article a pour but de répondre concrètement à ces questions, pour que vous sachiez comment organiser au mieux votre rééducation :
- Faut-il interrompre la kiné après une infiltration ?
- Quel délai respecter avant de reprendre les séances ?
- Comment adapter les exercices selon la zone infiltrée (genou, épaule, hanche…) ?
Vous trouverez ici des repères simples et utiles, basés sur la pratique et sur ce que je conseille à mes propres patients.

Pourquoi fait-on une infiltration ? 💉
L’infiltration est un geste médical souvent proposé en cas de douleur persistante liée à une inflammation locale ou à une atteinte articulaire d’origine mécanique.
Elle intervient lorsque les traitements habituels comme les antalgiques, la kiné ou le repos n’apportent pas suffisamment de soulagement.
Elle consiste à injecter directement dans l’articulation, ou dans la zone autour d’un tendon, un anti-inflammatoire puissant, le plus souvent à base de corticoïdes. Ce geste est réalisé par un médecin, souvent sous guidage échographique pour plus de précision.
Parmi les indications les plus fréquentes de l’infiltration, on retrouve :
- La tendinite calcifiante de l’épaule (dépôt de calcium dans un tendon).
- L’arthrose du genou, de la hanche ou de l’épaule.
- Le conflit sous-acromial .
- L’épicondylite, plus connue sous le nom de “tennis elbow”.
- La bursite ou la ténosynovite (inflammation d’une bourse ou d’une gaine autour d’un tendon)
- Les douleurs lombaires ou sciatiques résistantes (hernie discale, arthrose, inflammation locale).
L’objectif principal de l’infiltration n’est pas de guérir, mais de réduire la douleur et l’inflammation, afin de rendre possible (ou plus efficace) une rééducation en kiné. En quelque sorte, elle prépare le terrain pour que le travail du kinésithérapeute soit mieux toléré.
💬« C’est souvent à ce moment-là que les patients se demandent s’ils peuvent (ou doivent) reprendre la rééducation rapidement…Voyons cela en détail. »
Faut-il arrêter la kiné après une infiltration ?
Pas forcément, mais il faut adapter.
Certaines équipes médicales recommandent un bref repos après l’injection, notamment pour éviter de trop solliciter la zone tant que l’anti-inflammatoire agit localement. Ce temps de pause permet aussi de mieux évaluer la réponse au traitement.
Mais dans la majorité des cas, l’arrêt total de la kiné n’est pas nécessaire. Ce qui compte, c’est de reprendre progressivement et d’ajuster les exercices à la douleur résiduelle.
👉 L’infiltration ne remplace pas la rééducation : elle permet simplement de réduire la douleur, pour que la kiné soit plus efficace et mieux tolérée.
En tant que kiné, j’observe souvent que les séances sont plus productives après une infiltration mais à condition que le moment de reprise soit bien choisi, et que les exercices soient adaptés.
⌛Quel délai respecter avant de reprendre la kiné après une infiltration ?

Il n’existe pas de règle stricte valable pour tous, mais en pratique, certains repères peuvent guider la reprise de la kiné après infiltration.
👉 Un délai de 48 à 72 heures est généralement recommandé. Cela laisse le temps au produit (souvent des corticoïdes) d’agir localement, et permet de réduire l’inflammation sans contrainte excessive.
Pendant cette période :
- Il est préférable d’éviter les exercices trop intenses ou les mobilisations forcées.
- Une reprise douce peut être envisagée si la douleur a nettement diminué.
- Le suivi clinique est essentiel : si la gêne persiste, mieux vaut prolonger le repos.
Ce délai peut varier selon :
- la zone infiltrée (épaule, genou, hanche, etc.),
- la nature de la douleur,
- la réaction individuelle du patient.
L’objectif n’est pas d’attendre trop longtemps, mais de reprendre la kiné au bon moment, pour tirer pleinement profit de l’infiltration. Il n’existe pas de délai universel. Certains patients peuvent reprendre des mouvements doux après 48h, d’autres doivent attendre 5 jours.

Kiné après infiltration : que faire selon la zone concernée ?
Le délai et les modalités de reprise en kiné après infiltration varient selon la zone infiltrée. Voici ce que je recommande le plus souvent en cabinet, en fonction de la localisation.
🔹 Genou : infiltration et rééducation
L’infiltration du genou est fréquente en cas d’arthrose, d’inflammation synoviale ou de douleurs mécaniques persistantes.
Après un repos de 48 à 72 heures, la kiné peut reprendre progressivement, avec :
- Un travail en décharge si la douleur persiste à l’appui.
- Du renforcement musculaire, en particulier du quadriceps.
- Des exercices d’amplitude douce pour conserver ou récupérer la mobilité.
👉 L’objectif est d’améliorer la fonction sans réveiller l’inflammation.
🔹 Épaule : infiltration sous-acromiale ou tendineuse
L’infiltration de l’épaule est souvent indiquée en cas de tendinopathie, de conflit sous-acromial ou de bursite.
La kiné peut reprendre dès que la douleur diminue, avec un travail ciblé :
- Mobilisations douces pour restaurer l’amplitude.
- Renforcement de la coiffe pour améliorer la stabilité de l’épaule.
- Exercices actifs adaptés au geste (professionnel ou sportif).
🔹 Hanche ou rachis : prudence et progressivité
Dans ces zones profondes, la reprise est souvent plus progressive.
On recommande en général :
- Un repos de 3 à 5 jours post-infiltration.
- Une reprise d’activités en douceur, sans charge excessive.
- Un travail actif adapté à la douleur et à la fonction du patient.
Le mot d’ordre reste l’écoute du corps. La kiné doit être adaptée à chaque zone, mais aussi à la réaction individuelle après l’injection.
Exemple : reprise kiné après une infiltration de l’épaule (tendinite)
Ce programme est donné à titre indicatif. Il doit toujours être adapté à votre douleur et à votre évolution.
🔸 Jours 0 à 3 : on calme les choses
- Repos sans immobilisation (on bouge un peu, mais sans forcer).
- On évite les mouvements douloureux.
- Glace si la zone est encore sensible.
- Pas encore de vraie kiné.
🔸 Jours 4 à 10 : on remet doucement du mouvement
- Mouvements très doux (bras qui pend, petits cercles).
- Mouvements aidés si besoin (main opposée, bâton, mur…).
- On commence à réactiver les muscles autour de l’épaule, en douceur.
🔸 Semaine 2 à 4 : on renforce progressivement
- Exercices sans douleur avec élastique léger.
- Travail de la posture et du contrôle du geste.
- On bouge de mieux en mieux, sans forcer.
🔸 Semaine 4 et après : on reprend les gestes du quotidien
- On peut intensifier les exercices si tout va bien.
- On reprend les gestes pros, le sport, ou les activités plus exigeantes.
- On pense à la prévention : posture, échauffement, régularité.
🧩 Ce rythme est adaptable. Le plus important : pas de douleur vive, pas de forcing, mais du mouvement bien choisi.
🧔 Ce que je dis à mes patients après une infiltration
En tant que kinésithérapeute, je prends souvent un moment pour expliquer à mes patients que l’infiltration n’est pas une solution miracle, mais un outil temporaire. Elle calme la douleur, mais ne corrige pas la cause du problème à elle seule.
Voici ce que je leur dis souvent en cabinet :
💬 « L’infiltration, c’est un peu comme baisser le volume de la douleur. Mais pour régler le problème à la source, il faut continuer la rééducation. Sinon, les douleurs reviendront probablement.«
Je leur précise aussi :
💬 “Ce n’est pas parce que la douleur a disparu que vous êtes guéri. Au contraire, c’est maintenant qu’on peut travailler plus efficacement, sans être freiné par l’inflammation.”
Et enfin :
💬 “On va reprendre doucement, en surveillant vos réactions. L’idée, ce n’est pas d’aller trop vite, mais de profiter de cette fenêtre sans douleur pour travailler les bons gestes : améliorer la mobilité, renforcer sans douleur, et retrouver de la fonction dans votre quotidien.”
👉 En bref, concrètement, les bons gestes après une infiltration, ce sont :
- Des mobilisations douces, ciblées, pour ne pas figer l’articulation.
- Du renforcement progressif, adapté à votre niveau et à la zone concernée.
- Des exercices fonctionnels, pour retrouver les bons réflexes dans les gestes du quotidien (monter les escaliers, lever un bras, s’accroupir…).
On reprogramme le mouvement sans douleur, pour que les bénéfices de l’infiltration ne soient pas temporaires, mais durables.
En résumé : infiltration et kiné, un duo complémentaire
L’infiltration et la kiné ne s’opposent pas : elles se complètent. Encore faut-il savoir les utiliser au bon moment, dans le bon ordre, et avec les bons objectifs.
Voici un tableau récapitulatif :
| Infiltration | Kiné après infiltration |
|---|---|
| Soulage la douleur rapidement (24–72h) | Traite les causes profondes du problème |
| Calme l’inflammation | Améliore la mobilité et la force |
| Efficace sur le court terme | Agit sur le long terme |
| Nécessite un repos de 2 à 3 jours | Peut reprendre progressivement ensuite |
| Geste médical ponctuel | Processus actif, personnalisé et progressif |
👉 Oui, on peut faire de la kiné après une infiltration. C’est même souvent recommandé, à condition de respecter un court délai de repos et d’adapter les séances à votre douleur. C’est la meilleure façon de consolider les effets de l’infiltration et d’éviter une rechute.
❓ FAQ : kiné après infiltration
🔸 Peut-on faire de la kiné juste après une infiltration ?
En général, pas dans l’immédiat. Il est recommandé de respecter 48 à 72 heures de repos après l’infiltration pour laisser le produit agir et éviter de trop solliciter la zone.
🔸 Faut-il faire l’infiltration avant ou après avoir commencé la kiné ?
En général, la kiné est commencée en première intention. L’infiltration est plutôt proposée si la douleur est trop importante ou si les progrès sont limités par une inflammation persistante.
🔸 Est-ce dangereux de faire de la kiné trop tôt ?
Ce n’est pas dangereux au sens strict, mais cela peut réduire l’efficacité de l’infiltration, ou même entretenir l’inflammation si l’articulation est mobilisée trop tôt ou trop intensément.
🔸 Est-ce que la kiné est encore utile si l’infiltration a soulagé la douleur ?
Oui, absolument. L’infiltration ne traite pas la cause. La kiné reste essentielle pour corriger le mouvement, renforcer, et éviter la récidive.
🔸 Le délai pour reprendre la kiné est-il le même pour toutes les infiltrations ?
Non. Cela dépend de la zone infiltrée (épaule, genou, hanche…), de la réaction du patient et de l’objectif de la rééducation. Un kinésithérapeute saura adapter les séances en fonction.
🔸 Combien de temps dure l’effet d’une infiltration ?
Cela dépend de la zone, du produit injecté (souvent des corticoïdes), et de l’état du patient. L’effet peut durer de quelques jours à plusieurs semaines, voir mois, mais il est souvent transitoire. D’où l’importance de combiner avec de la kinésithérapie pour consolider les effets à long terme.
🔸 Peut-on reprendre le sport après une infiltration ?
Pas immédiatement. Une reprise progressive est possible après quelques jours, en général après la reprise de la kiné. Tout dépend du type de sport, de la douleur résiduelle, et des recommandations de l’équipe médicale. Il faut éviter reprendre un sport à pleine intensité sans un minimum de rééducation préalable.
📚 Sources scientifiques et médicales
- Revue médicale Suisse – Rhumatologie. Infiltrations intra-articulaires en rhumatologie : mise au point.
- Cheng OT, Souzdalnitski D, Vrooman B, Cheng J. Evidence-based knee injections for the management of arthritis. Pain Med (United States) 2012;13:740–53?
- Vandeweerd JM, Zhao Y, Nisolle JF, et al. . Effect of corticosteroids on articular cartilage : Have animal studies said everything ? Fundam Clin Pharmacol 2015;29:427–38.
- Pal B, Morris J. Perceived risks of joint infection following intra-articular corticosteroid injections : A survey of rheumatologists. Clin Rheumatol 1999;18:264–5.

