L’entorse sur le dessus du pied est une blessure souvent sous-estimée, mais qui peut être douloureuse. Imaginez : vous marchez 🚶 tranquillement sur un chemin accidenté, et d’un coup, votre pied se tord ; une douleur fulgurante surgit sur le dessus du pied. Ou encore, en plein match ⚽️, une mauvaise réception après un saut… et vous voilà cloué au sol.
Peut-être avez-vous entendu parler des entorses de la cheville, mais celles sur le dessus du pied, bien qu’elles soient moins fréquentes, demandent autant d’attention. Non traitées, elles peuvent entraîner des douleurs chroniques et des séquelles durables.
Dans cet article, vous découvrirez :
✅ Ce qu’est une entorse sur le dessus du pied.
✅ Les raisons pour lesquelles elle survient.
✅ Comment la reconnaître.
✅ Les étapes du traitement et de la rééducation.
✅ Comment prévenir les récidives et protéger vos pieds.
🦶🏼 Anatomie du pied : Comprendre les structures impliquées
Une mécanique complexe
Le pied est une structure fascinante, composée de 26 os, 33 articulations et plus de 100 muscles, tendons et ligaments. Ensemble, ces éléments travaillent pour absorber les chocs, soutenir le corps et permettre des mouvements fluides.
🔎 Zoom sur les zones clés des entorses
Deux articulations principales sont concernées dans une entorse sur le dessus du pied :
- 🔵 L’articulation de Lisfranc
Située à la jonction entre l’avant-pied et le milieu du pied, cette articulation joue un rôle crucial dans la stabilisation de l’arche plantaire. Elle agit comme un pont, répartissant le poids du corps et absorbant les impacts. Toute lésion à ce niveau peut compromettre la stabilité du pied. - 🔴 L’articulation de Chopart
Elle relie le talon au milieu du pied et permet des mouvements de torsion et d’adaptation aux terrains irréguliers. Sans cette articulation, le pied ne pourrait pas s’adapter à la variété des surfaces sur lesquelles nous marchons.
👉 À savoir : Ces deux articulations sont constamment sollicitées dans la vie quotidienne. Une blessure à ces niveaux peut perturber votre mobilité bien plus qu’il n’y paraît.
Pourquoi ça arrive ? Causes fréquentes de l’entorse sur le dessus du pied
L’entorse sur le dessus du pied survient lorsque les ligaments sont étirés ou déchirés à cause d’un stress excessif. Voici les situations typiques où cela peut se produire :
- Mouvements brusques ou imprévus 🏃
Changer de direction rapidement en courant peut provoquer une torsion du pied, surtout dans les sports comme le tennis, le football ou le basketball. - Chocs directs ⚽
Recevoir un coup direct, par exemple lors d’un tacle au rugby, peut entraîner une lésion ligamentaire. - Blocage du pied
Une chute où l’avant-pied reste coincé alors que le corps continue à avancer peut provoquer une flexion excessive, étirant les ligaments au-delà de leur limite. - Mouvements combinés
Les entorses les plus graves surviennent souvent lors de mauvaises réceptions, où plusieurs forces (torsion, flexion et pression) se combinent.
Symptômes de l’entorse sur le dessus du pied
Les symptômes d’une entorse sur le dessus du pied peuvent varier en fonction de la gravité et de la zone touchée. Voici les signes à surveiller, surtout si vous ressentez une douleur intense qui persiste :
- Douleur intense : Souvent localisée sur le dessus du pied, la douleur s’accentue lorsque vous marchez ou appuyez dessus.
- Gonflement rapide : L’inflammation provoque un gonflement visible autour de l’articulation touchée.
- Ecchymose (bleu) : Un bleu autour de la zone blessée indique souvent un saignement sous la peau.
- Difficulté à marcher : La douleur et une perte de stabilité peuvent rendre la marche difficile, voire impossible.
- Sensation d’instabilité : Particulièrement fréquente lors d’une entorse de Lisfranc, car elle affecte l’arche plantaire, provoquant une sensation de pied « qui lâche ».
Mon conseil kiné ✅ :
Si vous ressentez une douleur intense, des difficultés à marcher ou une sensation d’instabilité, ne forcez surtout pas ⚠️. Évitez de marcher sur le pied blessé jusqu’à ce qu’un diagnostic précis soit établi.
Gravité de l’entorse sur le dessus du pied
Les entorses sur le dessus du pied peuvent être classées selon leur gravité.
Prenons des exemples concrets :
Cas 1 : 🟢 L’entorse bénigne
Julie, une joggeuse amateur, court sur un sentier légèrement irrégulier. Elle marche sur une pierre, sent une légère torsion, puis une douleur modérée sur le dessus du pied. Après une journée de repos et de glace, elle peut reprendre doucement ses activités. Diagnostic : entorse bénigne (Grade 1).
Cas 2 : 🟡 L’entorse modérée
Maxime joue au football avec ses amis. Lors d’un tacle, un choc direct provoque une douleur aiguë et immédiate. Son pied gonfle rapidement, et marcher devient difficile. L’IRM révèle une déchirure partielle des ligaments de Chopart. Une rééducation de 6 semaines est nécessaire. C’est une entorse moyenne (Grade 2).
Cas 3 : 🔴 L’entorse grave
Sarah, danseuse professionnelle, rate une réception après un saut complexe. Une torsion violente entraîne une douleur insupportable et une instabilité sévère de sa cheville. L’imagerie montre que les ligaments de Lisfranc sont complètement déchirés. Une intervention chirurgicale suivie de plusieurs mois de rééducation sera nécessaire. C’est une entorse sévère (Grade 3).
Diagnostic de l’entorse sur le dessus du pied 🔍
Le diagnostic de l’entorse sur le dessus du pied est souvent confirmé par des examens d’imagerie car les symptômes cliniques peuvent se ressembler d’une articulation à l’autre :
- Radiographie : Elle est généralement utilisée pour s’assurer qu’il n’y a pas de fracture osseuse. Cependant, les lésions ligamentaires ne sont pas toujours visibles sur les radiographies.
- IRM (Imagerie par résonance magnétique) : L’IRM est souvent utilisée pour observer les tissus mous, comme les ligaments, et détecter une déchirure ou un étirement des ligaments. C’est l’examen le plus précis pour évaluer l’état des ligaments de Chopart et de Lisfranc.
Quand doit-on opérer et quand utiliser une botte d’immobilisation ?
Le traitement des entorses sur le dessus du pied dépend de leur gravité. Voici dans quels cas une intervention chirurgicale ou une botte d’immobilisation est nécessaire.
Quand doit-on opérer une entorse sur le dessus du pied ?
La chirurgie est réservée aux entorses graves (Grade 3) ou à des cas particuliers. Elle est indispensable lorsque :
- 💔 Déchirure complète des ligaments : Les ligaments sont rompus, entraînant une instabilité articulaire.
- ⚡️Fracture associée : L’entorse s’accompagne d’une fracture nécessitant un réalignement.
- 🦴 Luxation des os : Les os de l’articulation sont déplacés et doivent être remis en place.
- ❌ Échec du traitement conservateur : Douleurs persistantes ou instabilité malgré la rééducation.
Quand utiliser une botte d’immobilisation ?
La botte d’immobilisation est utilisée pour stabiliser le pied et favoriser la cicatrisation, sans intervention chirurgicale. Elle est recommandée pour :
- Entorses modérées (Grade 2) : Les ligaments sont partiellement déchirés, mais l’articulation reste stable.
- Entorses graves sans chirurgie : Stabilisation en attendant une cicatrisation naturelle.
- Post-opération : Protection après une chirurgie pour éviter les récidives.
- Fractures mineures associées : Immobilisation temporaire pour protéger le pied.
Différences entre opération et botte d’immobilisation
Critère | Chirurgie | Botte d’immobilisation |
---|---|---|
Gravité de la blessure | Grade 3 avec instabilité ou fracture | Grades 2 et 3 sans déplacement majeur |
Objectif | Réparation des ligaments, réalignement des os | Stabilisation temporaire pour favoriser la cicatrisation |
Mobilité | Souvent interdite pendant plusieurs semaines après l’opération | Permet une marche contrôlée (avec ou sans béquilles) |
Durée | Plusieurs mois avec rééducation intensive | 3 à 8 semaines, selon la gravité |
📆 Durée d’utilisation de la botte d’immobilisation
- Grade 2 (modérée) : 3 à 6 semaines avec reprise progressive de la marche.
- Grade 3 (grave) : 6 à 8 semaines, parfois plus en post-opératoire.
Traitement et Rééducation de l’entorse sur le dessus du pied
Le traitement et la rééducation d’une entorse sur le dessus du pied dépendent de plusieurs facteurs : la gravité de l’entorse (Grade 1, 2 ou 3), l’utilisation d’une botte d’immobilisation ou non, et si une chirurgie a été réalisée.
🟢 Entorse bénigne (Grade 1)
Objectif : Soulager la douleur et limiter l’enflure.
Actions :
- Appliquer de la glace (15-20 min toutes les 2-3 heures).
- Repos relatif : Éviter les activités douloureuses, mais maintenir de la mobilité pour prévenir l’enraidissement.
- Bandage élastique si nécessaire pour limiter la douleur.
Rééducation : Début rapide des exercices de mobilité (flexion-extension du pied, mouvements circulaires).
🟡 Entorse modérée (Grade 2)
Objectif : Stabiliser l’articulation, réduire l’inflammation, et commencer une rééducation progressive.
Actions :
- Botte d’immobilisation : Portée pendant 3 à 6 semaines pour limiter les mouvements.
- Marche possible avec la botte, mais appui partiel conseillé dans les premiers jours, souvent avec béquilles.
- Glace et élévation régulières pour contrôler l’enflure et la douleur.
Rééducation :
- Après retrait de la botte, introduction d’exercices doux pour restaurer la mobilité.
- Renforcement musculaire progressif avec des bandes élastiques et exercices d’équilibre.
🔴 Entorse grave (Grade 3)
Objectif : Réparer les ligaments (chirurgie si nécessaire) et assurer une stabilisation complète.
Actions :
- Chirurgie (si instabilité ou fracture associée).
- Botte d’immobilisation portée pendant 6 à 8 semaines, sans appui pendant les premières semaines (selon les recommandations médicales).
Rééducation post-opératoire :
- Début progressif des exercices de mobilisation sous supervision de votre kiné.
- Travail sur la proprioception, l’équilibre, et le renforcement musculaire pour préparer le retour à la marche.
Phases de rééducation après immobilisation ou chirurgie
➡️ Phase 1 : Gestion de la douleur et de l’enflure (jours 1 à 7)
- Appliquez de la glace et gardez le pied surélevé autant que possible.
- Ne posez pas de poids sur le pied en cas de chirurgie ou de botte d’immobilisation récente.
➡️ Phase 2 : Mobilité douce et appui progressif (semaine 2 à 3)
Si la botte est retirée :
- Exercices de flexion-extension : Asseyez-vous et levez les orteils au maximum, puis faites l’inverse en levant les talons. Répétez cet exercice 20 fois, 5 fois par jour. Si cela est confortable, essayez de le faire en position debout.
- Mouvements circulaires de la cheville.
- Travail d’appui progressif : Avec ou sans canne, selon la douleur.
➡️ Phase 3 : Renforcement musculaire et équilibre (semaine 3 à 8)
L’objectif est de renforcer les muscles stabilisateurs du pied et de travailler l’équilibre et la perception du pied.
- Renforcement avec bande élastique : Asseyez-vous, placez une bande élastique autour de votre pied blessé et tirez l’élastique vers vous et l’extérieur. Effectuez 3 séries de 12 répétitions. Cet exercice permet de renforcer les muscles de la cheville sans surcharger l’articulation.
- Flexion plantaire avec bande élastique : Placez la bande autour du pied et tirez doucement vers le bas. Cela renforce les muscles de la voûte plantaire et de la cheville. Faites 3 séries de 10 répétitions.
- Équilibre sur une jambe : Tenez-vous en équilibre sur le pied blessé pendant 10 à 15 secondes. Répétez cet exercice 3 à 4 fois. Si cela devient facile, ajoutez un mouvement de pointe de pied tout en maintenant l’équilibre.
➡️ Phase 4 : Retour aux activités fonctionnelles (semaine 8 et plus)
Cette phase consiste à effectuer des exercices fonctionnels pour renforcer le pied en prévision des activités quotidiennes ou sportives.
- Sauts contrôlés et exercices de pivot1 : Simulez des mouvements de pivot doux ou des sauts contrôlés. Ces exercices aident à tester la stabilité et à préparer le pied aux mouvements complexes et aux changements brusques de direction.
📌 Lorsque votre pied retrouve sa stabilité et que les douleurs se sont nettement atténuées, envisagez une reprise PROGRESSIVE (j’insiste) de vos activités sportives. Commencez par des exercices simples et des mouvements de pivot légers pour évaluer la stabilité de votre pied. Prenez le temps nécessaire pour une réintégration complète afin de minimiser le risque de rechute.
1Un exercice de pivot consiste à tourner sur un pied tout en gardant l’autre fixe pour changer de direction.
Entorse sur le dessus du pied : Adaptation selon le type de traitement
Type de traitement | Approche spécifique |
---|---|
Botte d’immobilisation | Portée pendant 3 à 8 semaines selon la gravité. Rééducation commence une fois la botte retirée. |
Sans chirurgie | Favoriser la mobilité douce et le renforcement dès que possible pour éviter l’enraidissement. |
Avec chirurgie | Mobilisation limitée les premières semaines. Rééducation plus lente et supervisée par un kinésithérapeute. |
📆 Durée de guérison pour une entorse sur le dessus du pied
La durée de guérison d’une entorse sur le dessus du pied varie en fonction de la gravité :
- 🟢 Entorse légère (Grade 1) : 2 à 4 semaines.
- 🟡 Entorse modérée (Grade 2) : 6 à 8 semaines, avec rééducation.
- 🔴,Entorse grave (Grade 3) : Plusieurs mois, souvent avec immobilisation et rééducation prolongées.
Mon conseil kiné ✅ : Comment éviter les récidives d’une entorse sur le dessus du pied ?
- Évidemment, vous souhaitez éviter de subir à nouveau une entorse sur le dessus du pied. Pour cela, il est crucial de suivre une rééducation complète jusqu’au bout, même si la douleur disparaît et que vous vous sentez mieux ! Une rééducation incomplète augmente considérablement les risques de rechute.
- Ensuite, intégrez des exercices réguliers de renforcement musculaire (notamment des stabilisateurs du pied) et de travail de l’équilibre pour renforcer vos pieds durablement. N’oubliez pas non plus l’importance d’un échauffement dynamique avant toute activité sportive.
- Les autres facteurs, comme le choix des chaussures, sont utiles mais secondaires comparés à une préparation physique adaptée.
Les 10 points clés 🔑 à retenir : entorse sur le dessus du pied
- Pourquoi ça arrive ?
Une entorse sur le dessus du pied survient souvent à la suite d’un mouvement brusque, d’une torsion, ou d’un choc direct. Elle peut également résulter d’un blocage de l’avant-pied ou d’une combinaison de forces (torsion, flexion, pression). - Zones touchées : Lisfranc et Chopart
Les entorses affectent principalement :- L’articulation de Lisfranc : qui stabilise l’arche plantaire et l’avant-pied.
- L’articulation de Chopart : qui permet les mouvements de torsion et absorbe les chocs.
- Symptômes à surveiller
Douleur intense sur le dessus du pied, gonflement rapide, ecchymose, difficulté à marcher, et sensation d’instabilité sont les principaux signes d’une entorse. - Gravité et traitement
- Grade 1 (bénin) : Ligaments étirés. Repos et mobilisation douce suffisent. Rééducation en prévention.
- Grade 2 (modéré) : Ligaments partiellement déchirés. Nécessite une botte d’immobilisation pendant 3 à 6 semaines suivie d’une rééducation.
- Grade 3 (grave) : Ligaments totalement déchirés. Une chirurgie est souvent nécessaire, avec immobilisation prolongée et rééducation intensive.
- Quand utiliser une botte ?
La botte d’immobilisation est utilisée pour stabiliser le pied dans les cas modérés à graves. Elle permet une marche contrôlée tout en protégeant les ligaments en phase de cicatrisation. - Quand opérer ?
La chirurgie est réservée aux entorses graves (Grade 3) avec instabilité, fractures associées ou luxation. Elle vise à réparer les ligaments et réaligner les structures osseuses. - Rééducation et retour progressif
- Phase 1 : Gestion de la douleur (glace, élévation, repos).
- Phase 2 : Mobilité douce et reprise progressive de l’appui après retrait de la botte.
- Phase 3 : Renforcement musculaire avec bandes élastiques et exercices d’équilibre.
- Phase 4 : Exercice fonctionnel et reprise du sport après validation médicale.
- Durée de guérison
- Entorse bénigne : 2 à 4 semaines.
- Entorse modérée : 6 à 8 semaines.
- Entorse grave : Plusieurs mois avec une rééducation prolongée.
- Prévention des récidives
- Renforcez vos muscles stabilisateurs avec des exercices réguliers.
- Prenez le temps de vous échauffer avant toute activité sportive.
- Soyez patient
Ne précipitez pas votre retour au sport. Prenez le temps de tester la stabilité de votre pied avec des exercices simples avant de reprendre des mouvements intenses.
Sources scientifiques 📚
- Van Dorp, K.B., De Vries, M.R., Van der Elst, M., & Schepers, T. (2010). Chopart Joint Injury: A Study of Outcome and Morbidity [electronic version]. The Journal of Foot and Ankle Surgery, Vol. 49, No. 6, 541-545.
- RadioGraphics. Normal Anatomy and Traumatic Injury of the Midtarsal (Chopart) Joint Complex: An Imaging Primer. Available from: http://www.youtube.com/watch?v=KYy0p-xZzoU
- Puthezhath, K., Veluthedath, R., Kumaran, C.M., & Patinharayil, G. (2009). Acute Isolated Dorsal Midtarsal (Chopart’s) Dislocation: A Case Report [electronic version]. The Journal of Foot and Ankle Surgery, Vol. 48, No.4 , 462-465.
- Signe Brunnstrom, M.A. (1975). Clinical Kinesiology. Philadelphia: F.A. Davis Company.